Fernand HERBO (1905-1995)

Depuis plus de soixante années, Herbo poursuit à sa manière, celle d’un éternel jeune homme enthousiaste et curieux, son tour de France de la peinture. N’hésitant pas à passer d’un sujet grave ou dramatique à une évocation sereine ou enjouée, d’une gamme de coloris sombres à des tons plus vifs, des grands formats aux «tout-petits», de l’eau claire à l’huile grasse, Herbo suit son chemin, ignorant délibérément les modes. Libre également de tout assujettissement à des théories ou à des théoriciens, il ne cherche jamais à être théoricien lui-même. Mais, s’il est vrai qu’il n’a guère l’esprit scholastique, ayant toujours su se démarquer de tous (devanciers ou contemporains) pour créer son propre mode d’expression, on se prend à croire en considérant son œuvre, qu’il a entendu et assimilé les leçons des meilleurs Maîtres, leçons reçues intuitivement par ces voies mystérieuses qui relient, hors du temps et du l’espace, les artistes véritables. C’est à croire qu’Herbo a entendu Corot affirmer «qu’il n’y a pas de grands peintres qui ne soient pas de bons coloristes», qu’il a entendu Picasso faire observer «qu’on travaille avec peu de couleurs» et que «ce qui donne l’illusion de leur nombre, c’est d’avoir été mises à leur juste place», qu’il a entendu les repentirs de ses amis les Fauves, les lamentations d’un Wilhelm Uhde se plaignant que certains tableaux «n’ont l’air de n’être que la facture du marchand de couleurs» ou encore, le cri exaspéré de Rembrandt «nous Sommes des peintres, pas des teinturiers» .

Jean-Louis Vergeade, Extrait du livre de F. Herbo